LA PARACHA (PAROLE DE LA SEMAINE) BERECHIYTH (EN TÊTE)
LA PARACHAH : « BERECHIYTH » (En tête)
Shabbat du 14 octobre 2017
Commentaire de 2011-14-16 Lectures :
Parachah : Bérèchiyth /Genèse 1 :1 à 6 :8
Haftarah : Yéshayahou/Isaïe 42 :5 à 43 :10
Bérith Hadachah : Mattityahou/Matthieu 24 :4-44
Rappel : les commentaires ne sont pas des études, mais des pensées que la lecture de la parachah nous inspire et nous permet, sur une année, de relier les textes de la Torah et des Prophètes aux textes de la Bériyth haHadachah, de l’Alliance renouvelée en Yéshoua.

Résumé de la Parachah :
Voici l’époque où un nouveau cycle de lecture de la Torah de Moshéh recommence. La première parachah de Béréchiyth pose la cosmogonie biblique, c'est-à-dire l’exposé de la formation de l’univers. A la narration de la création en 7 jours, ou phases, notre parachah se poursuit en s’intéressant à l’Histoire de l’humanité en relation au Créateur. Séduit par le serpent, le couple adamique échoue dans la démarche offerte par Élohim. L’exil hors d’Éden marque singulièrement le nouvel état de l’humanité désormais vouée à la malédiction de la Terre et à la mort. Les choix de vision se radicalisent avec les descendances d’Adam et Havah (Eve). Qaïn, impénitent, tue Hével (Abel). Sheth, un troisième fils, remplacera Hével. Deux lignées adamiques en opposition de direction de vie coexisteront jusqu’au triomphe du mal sur toute la Terre. Mais un homme, Noah trouve grâce aux yeux d’Élohim...
Relativité du temps
Albert Einstein nous expose que le temps et l’espace sont intimement liés, l’un et l’autre ne sont que l’expression d’une même « chose » (davar, en hébreu, ce qui signifie « parole » et « chose »), c’est pourquoi on utilise le terme « d’espace-temps ». Cet espace-temps est la merveilleuse création, dont nous faisons partie, qui nous entoure et dont nous bénéficions.
Nos scientifiques astrophysiciens et autres spécialistes du sujet nous disent qu’à l’origine probable de l’univers, au début, au point « Zéro » de la création, il y aurait 14,5 milliards d’années selon les savants, il y eut un « bing bang » d’énergie impressionnante pas plus grosse qu’un ballon de football ! Nous voulons bien les croire... La Parole ne s’opposant en rien à cette proposition.
Depuis, l’univers est en expansion telle une baudruche que l’on gonfle, cela se sait grâce aux observations mesurables. « Avant » le point zéro, il n’y avait rien ou plutôt pas même rien, car le mot rien pourrait signifier qu’il y avait du « vide »... Mais même le vide n’existait pas, car l’espace n’existait pas. Certains disent qu’il n’y avait alors qu’une pensée pure. Le temps n’existait pas non plus. Donc l’expression « avant le Commencement » ne veut rien dire non plus, car le « avant » est du domaine d’Élohim spécifiquement, et par conséquence indéfinissable, incompréhensible à la pensée humaine : Hors du temps et de l’espace. Élohim se situe en dehors du temps, le temps n’est qu’un élément de la création, un élément dans lequel l’homme évoluera. Nous comprenons pourquoi la notion du temps n’a pas le même poids, n’a pas la même signification, pour Élohim et pour l’homme. Élohim est hors du temps, le temps est un paramètre de sa création, l’homme est inscrit dans le temps, il subit le temps inexorablement.
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Les 7 jours de la création sont du domaine « vu » du haut, de la référence d’Elohim, hors du temps, cela nous est exposé du chapitre 1 au chapitre 2 :3. Ensuite, nous entrons dans l’Histoire humaine ... Cette fois, le texte ne parle plus en jours « vus d’Élohim », ou phases, mais en années, en années solaires, car les années sont « vues » cette fois de la Terre, dans le temps de l’homme, avec l’horloge humaine terrestre. Nous voici désormais « dans le temps » et jusqu’à la fin des temps.
Remarque : Les mots « éternité » et « univers » sont rendus en hébreu par un même terme : olam . Ce qui conforte l’idée que l’espace et le temps sont liés d’origine et conséquents d’un fondement unique.
Ambigüité sémantique, un vrai casse-tête qu’il ne fallait pas inventer : Le tétragramme sacré YHVH fut traduit ou plutôt remplacé en langue française par Olivetan au 16e siècle par le mot « Eternel », ce terme est une particularité franco-française non généralisée, effectivement plusieurs versions ont conservé la notion du titre « Seigneur » ou ont adopté la prononciation « Yahvéh » « Yéhovah ». L’ambigüité du terme « Eternel » provient de son argument qui repose sur « IL était, IL est, IL sera... », ce qui est une réalité mais qui enferme l’Etre ineffable incréé dans le temps, dans sa création, LE réduisant à sa création. Or IL est plus que sa création et certainement non inscrit dans le temps... Celui qui est sans commencement ni fin, hors du temps, est en somme le « sans fin » « l’infini » Il n’y a pas de fin... Or si la notion « éternité » est lié au terme Olam = espace-temps... la notion éternité s’achèvera avec la disparition de la présente création ! L’éternité, la perpétuité, a donc une butée ! Question : Est-il bien pertinent de prêter le nom de « Eternel » à Celui qui est hors du temps ? Est-il opportun de nommer le « Père » d’un attribut unique tel celui de « éternel » alors qu’IL en possède de nombreux autres ? Le Vivant, miséricorde, longanimité, bonté, pardon, justice, toute puissance, protecteur, sauveur etc, etc.
À l’image d’Élohim IL le créa
L’homme est donc fait,... créé à l’image d’Élohim selon sa ressemblance...
« Élohim dit : nous ferons Adam (le glébeux) à notre réplique, selon notre ressemblance... Élohim crée l’Adam à sa réplique, à la réplique d’Élohim IL le crée... » (Gen 1 :26-27 Chouraqui)
Lorsqu’Élohim « fait » c’est à partir d’un fondement existant, nous pouvons ici évoquer la matière dont nous sommes constitués, quel que soit le mode d’élaboration mis en œuvre par le Créateur. Les animaux marins sont créés, mais Élohim fit les animaux terrestres (voir ch 1 :21-25)
Lorsqu’Élohim « crée », il s’agit d’une œuvre initiale, une nouvelle information, c’est une création. Nous devons remarquer à ce titre les différents verbes utilisés dans ce premier chapitre de la Genèse. Ces verbes correspondent au mieux à l’hébreu : créer ; séparer ; faire ; produire ; placer ; grouiller et être. Ces actes et état ne sont pas à confondre, il ne s’agit en aucun cas d’un style littéraire mais de termes très précis.
Le texte rapporte : L’Adam est fait selon notre réplique (au pluriel), il est créé à Sa réplique (au singulier), celle d’Élohim. L’acte de création originel de l’Adam (singularité dans l’existant) serait ainsi une spécificité d’Élohim seul ! Le singulier « sa réplique » nous y enjoint, alors que le « façonnage d’Adam » serait le résultat d’un acte pluriel : « faisons Adam à notre réplique »...
D’autre part, le texte qui pose la création d’Adam est répété dans une forme quasi « miroir ou symétrique » :
IL créa Élohim l’Adam à sa réplique <... / ... > à la réplique Élohim le créa...
Est-ce une répétition d’ordre littéraire ? Nous ne le pensons pas. Le texte aussi concis soit-il est précis ; il évoque une sorte de double création, comme si la première n’était pas suffisante pour qu’Élohim puisse « voir » Sa réplique en Vérité, en perfection...
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“C’est ainsi aussi qu’il est écrit, Le premier homme Adam est devenu un être (psyché) vivant, le dernier Adam, un souffle (pneuma) vivifiant. Mais ce qui est souffle (pneuma) n’est pas le premier, mais ce qui est (psyché) être animé ; ensuite ce qui est souffle. Le premier homme est tiré de la terre, – poussière ; le second homme est venu du ciel. Tel celui qui est poussière, tels aussi sont ceux qui sont poussière ; tel est le céleste, tels aussi sont les célestes. Et comme nous avons porté l’image de qui est poussière, nous porterons aussi l’image du céleste.” (1Co 15:45-49)
Qui fut le « prémice dernier Adam » ? Qui fut Celui qui porta en premier l’image « Adam du céleste » ? Celui qui venait du Père, car il fut dit de Lui :
“Élohim ayant autrefois, à plusieurs reprises et en plusieurs manières, parlé aux pères par les prophètes, à la fin de ces jours–là, nous a parlé dans le Fils, qu’il a établi héritier de toutes choses, par lequel aussi il a fait les mondes, qui, étant le resplendissement de sa gloire et l’empreinte de sa substance, et soutenant toutes choses par la parole de sa puissance, ayant fait par lui–même la purification des péchés, s’est assis à la droite de la majesté dans les hauts lieux ; étant devenu d’autant plus excellent que les anges, qu’il a hérité d’un nom plus excellent qu’eux. Car auquel des anges a–t–il jamais dit, Tu es mon Fils, moi je t’ai aujourd’hui engendré ? Et encore, Moi, je lui serai pour Père, et lui me sera pour Fils ? Et encore, quand il introduit le Premier–né dans le monde habité, il dit, et que tous les anges d’Élohim lui rendent hommage.” (Heb 1:1-6)
Gloire soit à notre Élohim, notre Père des cieux, qui a oint son Roi sur Sa montagne sainte. IL l’a rendu « dernier Adam » comme le premier d’une nombreuse lignée engendrée d’en haut qu’IL n’a pas honte d’appeler, frères. Halelou Yah !
“Car il convenait pour lui, à cause de qui sont toutes choses et par qui sont toutes choses, que, amenant plusieurs fils à la gloire, il consommât le chef de leur salut par des souffrances. Car, et celui qui sanctifie et ceux qui sont sanctifiés sont tous d’un ; c’est pourquoi il n’a pas honte de les appeler frères,” (Heb 2:10-11)
Le mystère de Havah, la mère de tous les vivants...
Rangée au casier des contes, mythes et légendes, l’apparition de la femme hva [Ishah] issue de l’homme [Yish] reste encore comprise comme une métaphore plutôt qu’une réalité qui s’argumente telle une nécessité.
Mais, dirons-nous ; Elohim avait-il besoin d’extraire la « femelle » du « mâle » ? Les animaux des mers et de la terre n’étaient-ils pas déjà sexués, différenciés mâle et femelle, pourquoi l’homme Adam (Celui qu’Elohim créa à Sa ressemblance) dérogeait-il à ce critère apparemment standard de la création pour qu’il faille faire autrement ?
Cependant le texte ne laisse aucune place pour en traduire autre chose :
« YHVH Elohim fit tomber une torpeur sur l’Adam. Il sommeilla. IL prit une de ses côtes (cotés) et ferma la chair dessous. YHVH bâtit la côte, qu’IL a prise de l’Adam, en femme. IL la fait venir vers l’Adam » Genèse 1 :21
Il est question de sommeil, d’opération quasi chirurgicale et de « bâtir » sur un élément (côte ou côté) un être complet sorti de l’Adam « créé ». Ce qui est intéressant n’est pas d’imaginer un possible processus de clonage génétique ou autre, mais de constater que du premier Adam est issue celle qui est sa propre ressemblance dans les os et la chair et qui sera la « mère des vivants »... Puis de mettre en relation l’épisode de la crucifixion où le second Adam, Yéshoua, s’endort momentanément alors que son sang, notamment issu de son côté, sera le garant de la foi par lequel Il « bâtira » sa qéhiyllah. A cause de cette relation, nous comprenons que l’épisode de l’apparition de la femme Havah en Eden n’est certainement pas un mythe, mais une nécessité
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prophétique. Le texte ne nous dit pas seulement que la femme est bâtie à partir d’une côte de l’Adam, mais aussi que YHVH Elohim la fait venir vers l’Adam... cette action nous permet d’imaginer la suite de la relation Yéshoua-qéhiyllah.
Nu ou rusé ?
« Or le serpent était la plus astucieuse de toutes les bêtes des champs que le SEIGNEUR Élohim avait faites » (TOB) « Le serpent était le plus avisé de tous les animaux de la campagne que le SEIGNEUR Élohim avait faits » (NBS)
« Or le serpent était le plus fin de tous les animaux des champs que Élohim avait faits » (MAR) « Le serpent était le plus rusé de tous les animaux des champs que Yahvé Élohim avait faits » (JER) « Or le serpent était plus rusé qu’aucun animal des champs que « YHVH Élohim » avait fait » (DRB) « Le serpent était nu, plus que tout vivant du champ qu’avait fait YHVH Élohim » (Chouraqui)
Le terme hébreu qui a donné les différentes traductions ci-dessus écrites en rouge est le mot[aroum] qu’on ne peut que rapprocher de [érom] ou [éyrom] qui est utilisé quelques versets plus loin pour dire : « qui t’a rapporté que tu es nu ? » verset 11
La relation entre la nudité et la ruse, c'est-à-dire celui qui se cache pour ne pas dévoiler son réel projet, est ici confortée par une identité ou une similitude orthographique de l’écrit en hébreu.
Verset 22 « YHVH Élohim dit : « voici le glébeux (Adam-homme) est comme l’un de nous pour connaitre (pénétrer) le bien et le mal... »
« La femme voit que l’arbre est bien à manger, oui appétissant pour les yeux, convoitable, l’arbre pour rendre perspicace... » (Chouraqui)
L’homme a perdu sa lumière naturelle, il s’est séparé de son Créateur. En pénétrant le fruit de la confusion du bien et du mal, en pénétrant l’arbre qui donnerait la possibilité d’accéder à la « divinité » en dehors de la relation avec le Père Créateur... donc, le raisonnement propre non soumis à la confiance, à la foi en Élohim, a durablement éloigné l’homme de son Élohim... l’homme n’est plus en harmonie, en transparence avec Élohim. L’homme a revêtu un habit fait de ruse, de « nudité-astucieuse » il est devenu semblable au « serpent »... Immédiatement, il tente de se cacher. Mais peut-on se cacher d’Élohim ? Il tente de se faire une « ceinture de feuille de figuier »... Figuier s’écrit hnat (théénah) cette racine hébraïque est relative à : passion, désir charnel, prétexte, occasion, motif, chagrin, tristesse, affliction. Tout un programme qui nous permet de mieux cerner en quoi le couple adamique voulait exprimer sa faute en se « ceinturant » de feuille de figuier, comme pour se repentir de loin, en avouant le « fond » de leur sentiment.
« Nu et rusé » est donc une équivalence spirituelle.
Nu, car dépouillé de la présence du Seigneur, le mensonge étant l’absence de vérité ! Rusé, se cacher, se masquer, disparaitre pour éviter la lumière. Mais bien que séparé de la source de la vie, il faut continuer à donner l’illusion d’être, tout en n’étant plus !
Intuitivement, l’homme Adam « sait » qu’il existe un recours, n’oublions pas que l’Adam a vécu la présence d’Élohim ! Lui et sa compagne possèdent une vision implicite du devenir de l’humanité, vision d’un acquis naturel, conféré par le contact du Très-Haut. Ils se feront des ceintures de feuilles d’arbre. Pourquoi ?
« Et il me montra un fleuve d’eau vive, éclatant comme du cristal, sortant du trône d’Élohim et de l’Agneau. Au milieu de sa rue, et du fleuve, de çà et de là, était l’arbre de vie, portant douze fruits, rendant son fruit chaque mois ; et les feuilles de l’arbre sont pour la guérison des nations. » (Ap. 22:1-2)
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Oui, bien sûr, il faut guérir, couvrir la nudité. Mais si la guérison poindrait un jour, l’Adam ne pouvait pas « brûler » les étapes d’un salut en gestation en Élohim. Salut qui nécessiterait plus, beaucoup plus, que cet Adam désormais séparé de son Créateur aurait pu réaliser de lui-même. Car l’accès à l’arbre fut interdit, et le placébo de la vision «des feuilles» par l’initiative humaine n’avait aucune vertu de salut. Ainsi l’homme pourrait toujours se couvrir de « bonnes œuvres » pour masquer sa déchéance, il ne pourra jamais malgré cette démarche faite d’œuvres, atteindre l’arbre de vie.
Ève et la tradition primordiale de la femme à l’enfant
“Et l’homme connut Havah sa femme ; et elle conçut, et enfanta Qaïn ; et elle dit, J’ai acquis un homme avec YHVH.” (Ge 4:1 )
La femme semble ignorer volontairement, intentionnellement, le rôle de son époux Adam dans la conception de Qaïn. Qu’est ce que cela signifie ? Havah était-elle à ce point ignorante ? Non. Havah était issue d’Éden où elle côtoyait Elohim. Son intelligence de la nature était supérieure à ce que l’on peut imaginer, et sa vision prophétique dépassait certainement aussi ce que l’on peut en penser. Havah, celle qui trouva intéressante la proposition du serpent, celle qui voulait s’approprier les prérogatives masculines, savait sans doute que la perte de l’Éden n’était que temporaire... que le retour en grâce se ferait par un « Adam » de sa descendance... Un sauveur, un messie naîtrait de la femme... C’est bien ce que le Seigneur lui laissa comme promesse après la chute.
“Et je mettrai inimitié entre toi et la femme, et entre ta semence et sa semence. Elle (sa semence, le Messie) te brisera la tête, et toi tu lui briseras le talon. A la femme il dit, Je rendrai très grandes tes souffrances et ta grossesse ; en travail tu enfanteras des enfants, et ton désir sera tourné vers ton mari ; et lui dominera sur toi.” (Ge 3:15-16)
Brulant les étapes, comme pour aider Élohim, elle se projetait elle-même dans le rôle de cette femme qui serait la mère d’un Élohim... Elle savait également que ce « sauveur » serait un nouvel Adam non conçu de l’homme mais de YHVH... Et c’est ce qu’elle dit. Rejetant son époux naturel, elle se fait épouse de YHVH, de Qui elle obtient un « homme » : j’ai acquis, dira t’elle un homme avec YHVH. [Qanatiy], j’ai acquis, sera l’origine du nom du fils premier né : Qaïn.
Le modèle de la « femme à l’enfant » qui obtient directement un enfant mâle d’un Élohim sera un des symboles majoritaires qui imprégna les premières civilisations... Cette image se répandait également après le déluge dans toutes les régions où se développaient les cultes à « mystères » des mythes idolâtres, selon le modèle de Bavel-Babylone. Babylone qui devint, et pour cause, la matrice des prostitutions spirituelles, et des religions apostâtes.
Les visions messianiques
La perte de l’Éden était sans doute vécue comme un drame, comme un acte manqué. Toutes les pensées des premiers hommes conscients de la promotion humaine dans le cadre de la volonté divine devaient s’orienter dans la recherche du « retour » à YHVH, retour à l’environnement bénéfique d’Éden. Qaïn ou Hével, les deux frères à priori jumeaux, estimaient que la réouverture des portes d’Éden ne serait que le résultat d’un acte compensatoire de rapprochement (qorban ; sacrifice), un acte agréé d’Élohim. Qaïn offrit des fruits de la terre en offrande tandis que Hével offrit des premiers nés des animaux de son troupeau.
En offrant des fruits de la Terre, Qaïn proposait le résultat de sa démarche messianique, c'est-à- dire une proposition de reconquête de l’environnement divin perdu. Cette dernière mettait en jeu le mérite du travail de l’homme : la culture ; à partir d’un élément : la Terre, qui était frappée de malédiction.
“Et à Adam il dit, Parce que tu as écouté la voix de ta femme et que tu as mangé de l’arbre au sujet duquel je t’ai commandé, disant, Tu n’en mangeras pas, – maudit est le sol à cause de toi ;
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tu en mangeras en travaillant péniblement tous les jours de ta vie. Et il te fera germer des épines et des ronces, et tu mangeras l’herbe des champs. A la sueur de ton visage tu mangeras du pain, jusqu’à ce que tu retournes au sol, car c’est de lui que tu as été pris ; car tu es poussière et tu retourneras à la poussière.” (Ge 3:17-19)
Lever la malédiction consistait alors pour Qaïn à s’appuyer, à se prévaloir de ses œuvres... en somme à se justifier par ses œuvres pour recouvrer la vie et la félicité perdues. Son offrande, son projet messianique, n’était pas dans ce sens acceptable, car voué à l’échec. Voué à l’échec à cause de la présomption des œuvres, à cause des produits issus d’une base maudite, à cause d’une offrande non représentative de la nécessité immédiate de : « sans effusion de sang il n’y a pas de pardon » car le sang est déterminant de la vie.
“Et presque tout, d’après la Torah, est purifié avec du sang, et sans effusion de sang il n’y a pas de pardon.” (Heb 9:22)
Hével offrit des premiers nés de son troupeau. Hével n’offrit pas un fruit de la terre maudite, il offrit les premiers nés, c'est-à-dire le meilleur, car pour Hével l’offrande à YHVH ne pouvait être constituée que de ce qu’il aimait le plus, de ce qu’il y avait de plus précieux. Nous pouvons imaginer qu’il offrit le meilleur, dans la vision du Mashiah Yéshoua, l’Agneau d’Élohim. La démarche « messianique » d’Hével eut l’agrément d’Élohim. IL fut moins favorable à celle de Qaïn. Mais Qaïn, plutôt que de s’associer à son frère, plutôt que de se réjouir humblement qu’une des deux offrandes avait l’agrément d’Élohim, éprouva de la frustration.
“Mais à Qaïn et à son offrande, il n’eut pas égard. Et Qaïn fut très irrité, et son visage fut abattu. Et YHVH dit à Qaïn, Pourquoi es–tu irrité, et pourquoi ton visage est–il abattu ? Si tu fais bien, ne seras–tu pas agréé ? Et si tu ne fais pas bien, le péché est couché à la porte. Et son désir sera tourné vers toi, et toi tu domineras sur lui.” (Ge 4:5-7)
Quelle phrase ! Elle semble dire : Qaïn, si ton offrande était bonne, si elle était véritablement pure, sans calcul, sans recherche autre que la gloire d’Élohim... N’aurait-elle pas été agréée ? Mais tu n’as pas agi correctement dans les offrandes, c’est ta propre gloire que tu recherchais. Maintenant reviens de tout ton cœur, si tu ne reviens pas de tout ton cœur, attention le péché t’envahira.
“Vous présentez sur mon autel du pain souillé, et vous dites, En quoi t’avons–nous profané ? En ce que vous dites, La table de YHVH est méprisable.” (Mal 1:7)
“Un homme frustrera–t–il Élohim ? Toutefois, vous me frustrez, et vous dites, En quoi te frustrons– nous ? Dans les dîmes et dans les offrandes élevées.” (Mal 3:8 )
“Samuel dit au peuple : N’ayez point de crainte ! Vous avez fait tout ce mal ; mais ne vous détournez pas de YHVH, et servez YHVH de tout votre cœur.” (1Sa 12:20 )
Tout le travail de Qaïn n’était pas récompensé, mis en valeur comme Qaïn l’avait peut-être imaginé, comme son dû, sa récompense. De longues semaines de travail du sol, comparées à la vie tranquille du berger Hével dans les pâturages, pour en arriver à ne pas être préféré ! ... Ce sentiment fut suffisamment sombre et lourd, pour qu’il en arrivât à vouloir en parler à son frère dans les champs. Que voulait-il faire dans les champs ? Les champs étaient le lieu que Qaïn s’était approprié. La vue de son travail ne convaincrait-elle pas son frère Hével de la supériorité et du mérite et du bon sens de sa démarche ? Mais Hével avait une toute autre vision du « retour » à Élohim. Hével avait compris que rien ne pouvait venir de l’homme, le salut ne pouvait provenir que d’Élohim Lui-même. Hével visionnaire a perçu le Mashiah, Agneau d’Élohim.
Le messianisme de Qaïn se basait sur ses propres mérites. Celui de Hével se basait sur l’abnégation et l’espérance de l’intervention d’Élohim, quitte au sacrifice de sa propre vie.
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En cela « Hével le juste », le premier sacrificateur et le premier assassiné pour avoir choisi le sacerdoce, fut un précurseur digne de Moshéh comme de Paul, qui disaient : « Seigneur prend ma vie pour le peuple, pour mes frères ! »
Les exils
Chaque défection vis-à-vis des commandements d’Élohim conduit ceux qu’Élohim aime dans un exil, non définitif, mais dans une sorte de dégradation de la situation de vie qui se comprend comme une correction de notre Père et qui se comprend aussi comme un éloignement toujours plus prononcé de la présence d’Élohim. Ainsi le couple adamique fut-il chassé d’Éden, ainsi Qaïn fut-il soumis à l’errance nomade... Privé de la terre qu’il s’était « acquise » pour la cultiver selon son vouloir, il devait retrouver un chemin de bénédiction dans le vagabondage... Comme une sorte de question : Qaïn cherche ! Mais comme tu ne cherches que toi-même, quand tu auras fini de vagabonder sans jamais te trouver, alors peut-être retourneras tu de tout ton cœur vers Elohim... Mais Qaïn ne fit que s’obstiner dans sa rébellion. Au lieu de vagabonder il se sédentarisait et construisait une ville pour s’auto protéger. Après le déluge, la pensée qaïnite n’avait pas disparu. Nimrod « le rebelle » devint le fils spirituel de Qaïn, et initiateur des grandes villes, centrales de l’idolâtrie telle Bavel-Babylone, dont les filles existent encore aujourd’hui. Ainsi se confirme l’éloignement de ceux qui raidissent le cou, par l’exil puis par l’abandon à leurs sens reprouvés.
L’exil est synonyme de mort. Lorsqu’un israélite était, pour cause de rébellion avérée, retranché de son peuple, il était considéré comme mort. Si Israël et Juda furent dispersés, c’est à cause de leurs rebellions et leur obstination.
“C’est pourquoi prophétise, et dis–leur, Ainsi dit le Seigneur, YHVH, Voici, j’ouvrirai vos sépulcres, et je vous ferai monter hors de vos sépulcres, mon peuple, et je vous amènerai dans la terre d’Israël.” (Eze 37:12)