LA PARACHAH (PARTIE DE LA SEMAINE) : « VAYYIQRA » (IL appela)
LA PARACHAH (PARTIE DE LA SEMAINE) : « VAYYIQRA » (IL appela)
30/03/2017 17:17
LA PARACHAH (PARTIE DE LA SEMAINE) : « VAYYIQRA » (IL appela)
Shabbat 1 avril 2017 Commentaire de 2010-16
Lectures :
Parachah (LA PARTIE): Vayyiqra’/Lévitique 1 :1 à 5 :26
Haftarah : Shémouel A/ I Samuel 15 :1-34
Bérith Hadachah (LA NOUVELLE ALLIANCE) : Qorinthiyym B/II Corinthiens 6 à 7:1
Rappel : les commentaires ne sont pas des études, mais des pensées que la lecture de la parachah nous inspire et nous permet, sur une année, de relier les textes de la Torah et des Prophètes aux textes de la Bériyth haHadachah, de l’Alliance renouvelée en Yéshoua
Résumé de la Parachah
YHVH appelle Moshèh depuis la tente de la rencontre et lui expose le mode opératoire des différents sacrifices (qorbanoth) selon les cas répertoriés offerts soit volontairement, soit suite à une faute, le service s’effectuant dans le cadre du tabernacle et par l’office des sacrificateurs.

Une remarque de fond
« YHVH appela (vers) Moshéh et lui parla de la tente d’assignation …» (Lé. 1 :1)
« Les brebis entendent sa voix ; il appelle par leur nom les brebis qui lui appartiennent… » (Jean 10:3)
Ces deux versets illustrent combien le Père connaît chacun de ses enfants, comme le Fils connaît chacun de ses frères et sœurs par leur nom. Quelle félicité de comprendre que les enfants d’Élohim ne sont pas des anonymes, car nous avons de l’importance aux yeux de notre Élohim et de son Messie, importance entendue de notre cœur qui recherche et vit subtilement la proximité tant désirée. Tout le contenu du livre de « Lévitique », qui semble très technique et rébarbatif de lecture, n’a pour objet que la recherche du rapprochement de l’homme et d’Élohim, par une réconciliation complète vécue dans un relationnel confiant. Le service au tabernacle était donc et sans ambiguïté capable de « préparer des cœurs bien disposés » à la venue du Messie.
Tous les sacrifices avaient pour objet de soigner la relation personnelle avec Élohim. Si la relation était bonne, alors la recherche de son maintien s’entretenait par les offrandes volontaires. Si la relation était dégradée à cause d’une faute, la réparation se ferait.
Par amour, le Père a donné « un chemin de recours » pour éviter à tout prix une plus grande rupture, et favoriser le retour à Élohim par une pédagogie de l’intériorisation de la notion du « sacrifice » « Qorban » ; ou autrement dit : «savoir, vouloir, pouvoir par amour se rapprocher de tout son être d’Élohim Lui-même et de son prochain qui est l’image d’Élohim».
En effet, en hébreu « sacrifice » se dit : Qorban, ce mot signifie « rapprochement ». Nous sommes loin de la notion moderne du mot sacrifice qui serait de se priver à contrecœur de quelque chose d’essentiel.
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Le mot Qarov qui signifie « proche » et le mot Qéravaïm qui signifie « les entrailles » sont de la même racine que le mot Qorban.
Nous comprenons immédiatement qu’offrir un sacrifice - Qorban - c’est vouloir se rapprocher d’Élohim avec tout notre être interne. Le Qorban a pour objectif de « réparer » ce qui nous sépare encore d’Élohim. C’est ce qu’Abel a vu et fait prophétiquement en vision de l’Agneau qui ôte le péché, qui « répare » ce qui nous éloigne d’une pleine union, car notre Père a le péché en horreur et veut notre sainteté. Sainteté, objet central de toutes les prescriptions déclarées du livre de « Vayyiqra » Lévitique :
« Tu leur diras : Vous serez saints, car je suis saint, moi, YHVH , votre Élohim. » (Lévitique 19:2)
Une seconde remarque :
Les titres des cinq premiers livres de la « Torah de YHVH» sont évocateurs de la volonté de notre Élohim d’entretenir une relation personnalisée, intime, d’amour envers tous ceux qui Lui sont dus. Les cinq titres des livres du pentateuque, mis ensemble et dans l’ordre, forment la phrase suivante :
Au Commencement, les Noms, IL Appela, Dans le Désert, les Paroles (IL donna)
Cette phrase est la traduction des titres de Genèse [Béréshiyth - commencement], Exode [Chémoth - noms], Lévitique [Vayyiqra - IL appela], Nombres [Bémidbar - dans le désert] , Deutéronome [Dévariym - les paroles].
Cet « Hypertexte » fait de titres, qui échappe à une lecture simple, nous confirme s’il le fallait que dès le commencement YHVH nous connaît. N’est-ce pas rassurant ?
« En lui, Élohim nous a élus avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints et sans défaut devant lui. Dans son amour… » (Ep. 1:4)
Un livre central
Dans les cinq livres de la Torah, le livre du Lévitique ou séfer Vayyiqra’ est en troisième position, position centrale parmi les cinq livres attribués à Moshéh. Tout est harmonie dans la Parole, et cette organisation n’est pas un hasard. Mais c’est aussi le livre le plus court, comme pour signifier que le culte sacrificiel n’est pas une fin en soi (859 versets pour le Lévitique contre 1534 versets pour le Béréchiyth par exemple…).
Remarque : le judaïsme a comptabilisé 98 parties différentes dans le livre de Vayyiqra, dont 52 dites « ouvertes », c’est à dire séparées par un espace, là où les autres parties ne le sont pas et s’enchaînent sans espace.
Or, 52 est la guématria du mot BéN (Fils) et 98 celle du mot TSaH (Pur, éblouissant de blancheur) comme dans le verset du Cantique des Cantiques : mon bien-aimé est tsah, pur. Nous notons avec un intérêt non dissimulé, que sans le savoir, le judaïsme officiel décèle dans le Lévitique ces notions de Fils/Pur.
Les deux titres, l’un hébreu, l’autre issu du grec, sont remarquables lorsqu’on les associe. Le premier, Vayyiqra, signifie littéralement IL (YHVH) appela. Le second, Lévitique, fut ainsi nommé dans sa version grecque, car ce livre s’adressait particulièrement aux serviteurs du culte, c'està-dire les lévites. Or la racine du nom de Léviy signifie : « s’attacher à ». Les lévites sont donc ceux qui s’attachent à, sous-entendu Élohim, pour le servir. Cette caractéristique nous la retrouvons lors de l’épisode du veau d’or. Alors que le peuple se corrompait, les lévites se rangèrent pour YHVH, autour de Moshéh.
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« Moshéh se plaça à la porte du camp, et dit : A moi ceux qui sont pour YHVH ! Et tous les enfants de Lévi s’assemblèrent auprès de lui. » (Ex. 32:26)
Les lévites furent mis « à part » pour s’occuper du sacerdoce et de tout le travail qui s’y rapportait. Ils remplacèrent les « premiers-nés » de tous les enfants d’Israël qui appartenaient d’office à Élohim, pour le servir. Le plus prestigieux de ces lévites fut sans doute Yohanan haMatbil (Jean l’immergeur) dont le père Zékharyah (Zacharie) était sacrificateur de la classe d’Aviyyah (Abija). (I Chr 24 :10)
Si nous associons les deux titres du livre nous pourrions former alors la courte phrase : IL appela tous ceux qui s’attachent à YHVH pour Le servir.
Nous pouvons aussi extrapoler cette phrase en disant :
Ceux qui aiment Élohim, qui soupçonnent et haïssent l’idolâtrie, qui s’écartent des normes de ce monde enténébré, ceux qui dénoncent le mensonge, ceux qui se méfient, surtout lorsqu’on leur dit « demain (un faux jour) il y aura fête en l’honneur de YHVH » (Exode 32 :4-5) bien qu’il s’agisse d’une supercherie religieuse qui associe une abomination, un veau d’or, sous le couvert abusif du Nom de l’Élohim de la Bible, ceux qui agissent ainsi s’attachent au vrai Élohim. Ils sont choisis et mis « à part » comme les lévites pour se consacrer au Seigneur.
Alors, ceux qui veulent rester fidèles à l’Alliance telle qu’elle est définie par Élohim, ceux qui veulent attendre le retour de Celui qui est parti … ceux-là sont « appelés » : car IL appelle ceux qui sont restés attachés, adhérents, fidèles. Ceux-là se séparent des autres, se regroupent pour servir en vérité. Ils entendent la voix de Celui qui appelle et ils reconnaissent sa voix.
Chers amis, en notre être profond une question troublante se pose : vis-à-vis de cette réalité spirituelle, suis-je de ceux qui sont restés attachés et qui sont en vérité appelés comme les lévites ? Ou suis-je séduit par un appel et un besoin religieux de type « veau d’or » à qui l’on attribue le Nom d’Élohim, en m’associant au plus grand nombre qui dit : « Demain ! C’est demain la fête en l’honneur de YHVH », ce demain se révélant jour d’idolâtrie, jour où l’Alliance est brisée ? Si c’est le cas, je me serais alors malheureusement fourvoyé dans un dogme divergent, mis au point par une proposition religieuse qui flatte l’émotion, la sentimentalité. Ces dogmes déformants n’ont plus grand-chose de commun avec le vrai Élohim, sinon qu’une pâle usurpation de son Nom, de ses qualités. Le vrai Élohim d’Israël est alors remplacé par une image intellectuelle de Lui-même, par un faux dieu usurpateur d’identité… C’est très embarrassant, car tout en pensant prier le vrai Élohim, il se trouve que je prie une image, une idée que je m’en suis fait, rompant ainsi avec le second commandement.
LE VEAU D'OR
Tout ce que le peuple d’Israël a vécu, il l’a vécu pour notre instruction. Et pour ce qui nous apparait être une évidente erreur comme le veau d’or, prenons garde que par des effets tout aussi subtils nous ne soyons pas nous-mêmes pris au piège.
Plusieurs pourraient dire au regard de ce sujet appartenant à l’Histoire : « Comment les hébreux ont-ils pu se laisser séduire par cette initiative des plus grotesques ? ». Restons humbles face à cette déconvenue, car sous d’autres formes le christianisme, y compris en notre époque, n’a pas agit autrement que les hébreux dans l’affaire du veau d’or. Nous n’en sommes pas convaincus ! Réfléchissons bien.
« Ceux qui me disent : Seigneur, Seigneur ! N’entreront pas tous dans le royaume des cieux, mais seulement celui qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux. Plusieurs me diront en ce jour là : Seigneur, Seigneur, n’avons-nous pas prophétisé par ton nom ? N’avons–nous pas chassé des démons par ton nom ? Et n’avons–nous pas fait beaucoup de miracles par ton nom ? Alors je leur dirai ouvertement : Je ne vous ai jamais connus, retirez-vous de moi, vous qui commettez l’iniquité. » (Mt. 7:21-23)
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« Mais ce que j’ai contre toi, c’est que tu as abandonné ton premier amour. » (Ap. 2:4)
L’amour de la Vérité et la fidélité sont des valeurs précieuses. Un Élohim Vivant : un Père pour Ses enfants
Simultanément à la montée de la rébellion au pied du Sinaï, Moshéh reçoit des instructions pour pallier la trahison et réparer la rupture. Un sacerdoce de miséricorde, bien que contraignant, mais véritable monument de « modélisation pédagogique » et de haut niveau d’enseignement dans la sainteté, se proposera au peuple d’Israël afin que ce dernier, malgré sa défection, ne soit jamais séparé de YHVH. Le sacerdoce palliatif aharonique restera la marque forte de l’amour paternel, de la justice et de la fidélité d’Élohim.
La fin du livre de l’Exode est marquée par l’achèvement du tabernacle et la présence de YHVH(Shékhinah) qui se concrétisera par la nuée et le feu qui surplombaient la tente. (Exode 40 :34)
Tout était réuni : matériel nécessaire, sacrificateurs, les rôles étaient distribués, Élohim par une expression issue de Lui-même demeurait parmi le peuple. Le Peuple, objet de toutes les attentions, devait être au bénéfice de ce grandiose dispositif réalisé selon un modèle représentatif de la réalité céleste en cette époque.
Jusqu’à là, le travail de mise à disposition du sacerdoce a répondu aux points : qui, quoi, où. Le Lévitique répondra davantage aux questions : comment, quand, pourquoi.
Avec le Lévitique tout se met en mouvement… pour favoriser, aider, apprendre le chemin de la sainteté qui permet le rapprochement en vue de l’unité de l’homme et de son Élohim.
« Vous vous sanctifierez et vous serez saints, car je suis YHVH, votre Élohim. » (Le. 20:7)
Le Lévitique est l’école, l’exposé du principe du chemin de la réconciliation.
« Nous faisons donc les fonctions d’ambassadeurs pour le Messie, comme si Élohim exhortait par nous ; nous vous en supplions au nom du Messie : Soyez réconciliés avec Élohim ! » (2 Co. 5:20)
Nous assistons ici à un redémarrage, un rattrapage, par miséricorde, par compassion. Comme un père selon la chair qui s’aperçoit que son fils a fauté, parce qu’il n’est pas encore à maturité convenable pour comprendre ce que son père attend de lui, le père pardonne, mais il met en place une démarche corrective d’apprentissage, une pédagogie adaptée à l’objectif à atteindre et adaptée au caractère de l’enfant. La pédagogie sera toujours positive. C'est-à-dire que quels que soient la réussite ou l’échec, ils permettront à l’enfant de rester attaché à la bonne démarche, au bon chemin. Le peuple était : « peuple au cou roide » alors les règles seront très strictes, il n’y aura pas de place pour l’initiative ou les écarts humains dans le cadre du sacerdoce. Tout y sera précis dans le respect le plus absolu, y compris pour les sacrificateurs et Aharon lui-même.
Le service des sacrificateurs (Kohaniym) consistait donc à assurer les meilleures conditions possibles pour favoriser la « réparation » c'est-à-dire « présenter à Élohim un peuple au cœur bien disposé » pour œuvrer au Royaume de Sa gloire, afin de reconnaitre en fin de parcours pédagogique leur vrai Roi, leur vrai Grand sacrificateur : Yéshoua.
Le plus prestigieux de ces lévites fut sans doute Yohanan haMatbil (Jean l’immergeur) dont le père Zékharyah était sacrificateur de la classe d’Aviyyah.
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« Je vous le dis en vérité, parmi ceux qui sont nés de femmes, il n’en a point paru de plus grand que Jean–Baptiste. Cependant, le plus petit dans le royaume des cieux est plus grand que lui. » (Mt. 11:11)
Quel était son message ? Repentez-vous, préparez-vous, car le Royaume des cieux est proche, le Roi arrive. Ce message de sacrificateurs, de lévites, de ceux qui sont appelés parce que restés fidèles, n’a pas changé. Au contraire il reprend toute sa vigueur. Car si pendant des siècles nous avons entendu : « repentez-vous » pour échapper à la condamnation … la suite de la phrase « le Royaume des cieux est proche » ne faisait plus partie de l’avertissement !
Un culte à venir
Pour le grand rabbin espagnol du moyen-âge Maïmonide – et nous suivons ce docteur de la Torah dans sa légitime interrogation et perplexité face à ses sacrifices d’animaux - la Torah est un chemin, une dynamique. Elle apprend avec pédagogie à avancer. A ce titre, pour lui, les lois sacrificielles ne pouvaient rester en l’état et devaient évoluer. La Torah est une entreprise raisonnable, elle ne prétend pas assigner à l’homme un rôle impossible mais l’accompagner pas à pas. C’est sur ce principe que les apôtres n’imposèrent pas comme préalable l’ensemble des commandements lourds du judaïsme aux jeunes pagano-chrétiens. Que penser dès lors des cultes sacrificiels d’animaux ?
Maïmonide s’est longuement exprimé sur le sujet dans son Guide des égarés 3,32 :